Face à une carrière incomplète ou à la perspective d’une décote sur sa pension, le rachat de trimestres se présente comme une solution pour optimiser sa retraite. Cette démarche, qui permet d’améliorer ses droits moyennant un investissement financier, soulève de nombreuses questions : est-ce rentable ? Pour qui ? À quel moment ? Cet article analyse objectivement cette option pour vous aider à déterminer si elle correspond à votre situation.

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Le principe du rachat de trimestres

Qu’est-ce qu’un trimestre rachetable ?

Le rachat de trimestres, également appelé versement pour la retraite (VPLR), permet de compléter sa carrière en « achetant » des périodes qui n’ont pas donné lieu à cotisation. Ce mécanisme vise à :

  • Compléter une carrière insuffisante pour atteindre le taux plein
  • Améliorer le montant de sa pension future
  • Partir à son âge légal sans subir de décote

Un trimestre rachetable correspond à une période de 3 mois qui peut être ajoutée à votre durée d’assurance et, selon l’option choisie, au calcul de votre pension. Le nombre maximum de trimestres rachetables est limité à 12, sauf exceptions.

Types de rachat (études supérieures, années incomplètes)

Le dispositif de rachat concerne principalement deux situations :

Rachat des années d’études supérieures :

  • Études post-baccalauréat effectuées dans un établissement d’enseignement supérieur
  • Écoles techniques supérieures
  • Grandes écoles et classes préparatoires
  • Ces périodes doivent avoir donné lieu à l’obtention d’un diplôme

Rachat des années incomplètes :

  • Années civiles durant lesquelles vous avez validé moins de 4 trimestres
  • Périodes d’activité à temps partiel si vous n’avez pas validé 4 trimestres
  • Périodes d’activité à l’étranger dans des pays sans convention
  • Périodes d’apprentissage avant 2014

Ces deux dispositifs sont distincts dans leurs conditions mais suivent la même logique financière : un investissement aujourd’hui pour un bénéfice futur sur la pension.

 

Dans quels cas le rachat est-il possible ?

Études non cotisées

Le rachat des périodes d’études supérieures est possible sous certaines conditions :

  • Avoir obtenu un diplôme ou avoir été admis dans un établissement d’enseignement supérieur
  • Effectuer la demande avant la liquidation de sa retraite
  • Ne pas avoir déjà validé ces périodes à un autre titre
  • Avoir au moins 20 ans et moins de 67 ans au moment de la demande

Les études doivent avoir été suivies dans un établissement français ou, sous conditions, dans un pays de l’Union européenne. Un tarif préférentiel existe pour les demandes effectuées dans les 10 ans suivant la fin des études.

Années incomplètes en début ou fin de carrière

Il est possible de racheter des trimestres pour des années civiles durant lesquelles votre activité n’a pas permis de valider 4 trimestres :

  • Années de travail à temps partiel
  • Début de carrière en cours d’année
  • Périodes d’inactivité non couvertes par un dispositif de validation
  • Fin de carrière avant l’âge de la retraite

Ce dispositif est particulièrement pertinent pour les personnes proches de la retraite qui constatent qu’il leur manque quelques trimestres pour atteindre le taux plein.

Carrière longue ou départ anticipé

Le rachat peut s’avérer stratégique pour accéder au dispositif de retraite anticipée pour carrière longue :

  • Il permet de compléter les trimestres manquants pour remplir les conditions d’éligibilité
  • Seuls 4 trimestres rachetés au titre de l’apprentissage peuvent être pris en compte pour bénéficier du dispositif carrières longues.

Cette utilisation du rachat nécessite une analyse précise des conditions du dispositif carrière longue applicables à votre génération.

Taux plein sans attendre l’âge automatique du taux plein

Le rachat peut permettre d’atteindre le taux plein avant l’âge automatique de 67 ans :

  • Possibilité de partir dès l’âge légal (62 ans actuellement, progressivement relevé à 64 ans) sans décote
  • Évitement de la minoration définitive de la pension
  • Impact positif sur les retraites complémentaires qui appliquent également des coefficients de minoration

Cette stratégie est particulièrement intéressante pour les personnes qui souhaitent partir dès leur âge légal sans pénalité financière.

 

Quels sont les avantages d’un rachat de trimestres ?

Gain en montant de pension

L’un des principaux avantages du rachat concerne l’amélioration du montant de la pension :

  • Augmentation du taux de liquidation en évitant la décote
  • Impact positif sur les régimes complémentaires qui tiennent compte de la durée d’assurance
  • Effet cumulatif sur toute la durée de perception de la retraite

Pour un cadre supérieur, le gain mensuel peut atteindre plusieurs centaines d’euros, représentant un retour sur investissement significatif sur la durée.

Départ plus tôt

Le rachat peut permettre d’anticiper son départ à la retraite :

  • Possibilité d’atteindre plus rapidement la durée d’assurance requise
  • Réduction ou suppression de la décote appliquée en cas de carrière incomplète
  • Accès potentiel aux dispositifs de départ anticipé (carrière longue notamment) uniquement en cas de rachat de trimestres au titre de l’apprentissage, et dans la limite de 4 trimestres.
  • Liberté de choisir sa date de départ sans contrainte financière excessive

Cette flexibilité accrue dans le choix de la date de départ constitue un avantage important, notamment pour les personnes fatiguées ou souhaitant profiter d’une retraite active.

Avantage fiscal sous conditions

Le rachat présente également un intérêt fiscal non négligeable :

  • Les sommes versées sont intégralement déductibles du revenu imposable
  • Pour les contribuables fortement imposés, l’économie d’impôt peut atteindre 30% à 45% du coût du rachat
  • Pas de plafonnement spécifique des déductions au titre du rachat
  • Possibilité d’étaler le paiement et donc l’avantage fiscal sur plusieurs années

Cette optimisation fiscale peut significativement réduire le coût réel du rachat, particulièrement pour les personnes aux revenus élevés.

 

Quels sont les freins ou limites ?

Coût élevé

Le principal obstacle au rachat reste son coût important :

  • Entre 1 000 € et 7 000 € par trimestre selon l’âge et le revenu
  • Coût croissant avec l’âge et le niveau de revenu
  • Deux options de rachat aux tarifs différents (taux seul ou taux et durée d’assurance)
  • Investissement initial conséquent pour un retour différé

Ce coût élevé nécessite une capacité d’épargne importante ou la mobilisation d’un capital, ce qui n’est pas à la portée de tous les assurés.

Impact marginal si carrière déjà complète

Le rachat peut s’avérer inutile dans certaines situations :

  • Carrière déjà suffisante pour obtenir le taux plein : dans ce cas, le rachat de trimestres n’est plus possible.
  • Atteinte de l’âge du taux plein automatique (67 ans actuellement)
  • Peu d’impact sur la pension
  • Bénéfice limité pour les petites pensions qui seront majorées au minimum contributif

Une analyse précise de votre relevé de carrière est essentielle pour éviter un rachat sans réel bénéfice.

Absence d’effet dans certains cas (régime complémentaire, retraite progressive)

Le rachat présente des limites dans son impact sur certains dispositifs :

  • Effet variable sur les régimes complémentaires selon leurs règles spécifiques
  • Le rachat de trimestres est possible avant de partir en retraite progressive, mais ces trimestres rachetés ne sont pas pris en compte pour accéder au dispositif de retraite progressive.
  • Peu d’intérêt pour les personnes bénéficiant de dispositifs spécifiques (handicap, inaptitude)

Ces situations particulières nécessitent une analyse approfondie avant d’entreprendre une démarche de rachat.

 

Est-ce rentable ? Quelques situations concrètes

Cas où le rachat est pertinent

Le rachat présente un intérêt financier évident dans plusieurs cas de figure :

Pour un cadre à 5 ans de la retraite :

  • Rachat de 8 trimestres pour un départ à 62 ans au lieu de 64 ans (seulement si il correspond à l’âge légal)
  • Coût : environ 40 000 €, réduit à 26 000 € après avantage fiscal
  • Gain de pension : 300 € par mois
  • Retour sur investissement en 7-8 ans de retraite
  • Plus 2 années de retraite supplémentaires

Pour un salarié à revenus moyens avec une carrière incomplète :

  • Rachat de 4 trimestres pour éviter une décote de 5%
  • Coût : environ 15 000 €, réduit à 10 500 € après avantage fiscal
  • Gain de pension : 100 € par mois
  • Retour sur investissement en 9-10 ans
  • Sécurisation du niveau de vie à la retraite

Ces exemples montrent que la rentabilité est souvent atteinte bien avant l’espérance de vie moyenne.

Cas où il est inutile voire désavantageux

À l’inverse, le rachat peut s’avérer peu pertinent dans certaines configurations :

Pour une personne proche du taux plein automatique :

  • À 65 ans avec la perspective d’un départ à 67 ans
  • Le rachat pour partir à 66 ans représente un gain limité d’une année
  • L’investissement ne sera généralement pas récupéré avant 15-20 ans de retraite
  • Risque de décès avant d’atteindre le point d’équilibre financier

Pour un salarié à faible revenu :

  • Perspective d’une pension proche du minimum contributif
  • Le rachat n’augmentera pas significativement la pension
  • D’autres dispositifs de solidarité peuvent compenser partiellement la décote
  • Le capital mobilisé pourrait être mieux utilisé autrement

Dans ces situations, d’autres stratégies d’optimisation de la retraite sont à privilégier.

Importance de la simulation avant décision

La décision de racheter des trimestres doit impérativement s’appuyer sur une simulation précise :

  • Calcul de l’impact exact sur votre pension future
  • Prise en compte de votre situation fiscale actuelle
  • Évaluation du délai de récupération de l’investissement
  • Analyse des alternatives possibles (poursuite d’activité, cumul emploi-retraite)
  • Intégration de votre espérance de vie statistique et état de santé

Cette simulation personnalisée est la seule façon de déterminer objectivement si le rachat constitue une bonne option dans votre cas précis.

 

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Le rachat de trimestres est une décision financière importante qui mérite une analyse approfondie. Nos experts retraite peuvent vous accompagner dans cette réflexion en tenant compte de toutes les spécificités de votre parcours professionnel et de vos objectifs personnels.

Une étude personnalisée vous permettra d’évaluer avec précision la pertinence d’un rachat et d’optimiser votre stratégie globale de départ à la retraite.

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Qui peut racheter des trimestres de retraite ?

Toute personne ayant entre 20 et 67 ans, n’ayant pas encore liquidé sa retraite, peut racheter des trimestres. Deux situations principales sont concernées : les années d’études supérieures sanctionnées par un diplôme et les années civiles incomplètes (moins de 4 trimestres validés). Le nombre maximum de trimestres rachetables est généralement limité à 12, tous motifs confondus. La demande doit être effectuée auprès de la caisse de retraite dont vous dépendez au moment de la demande.

Quel est le coût moyen d’un rachat ?

Le coût d’un trimestre varie considérablement selon trois facteurs : votre âge au moment du rachat (plus vous êtes jeune, moins c’est cher), vos revenus (le coût augmente avec le niveau de salaire), et l’option choisie (taux seul ou taux et durée d’assurance). En 2023, le prix d’un trimestre oscillait entre 1 000 € et 7 000 €. Pour un cadre de 55 ans avec un salaire annuel de 50 000 €, le coût moyen était d’environ 5 000 € par trimestre. Une réduction de 30% s’applique pour le rachat des études si la demande est faite dans les 10 ans suivant la fin des études.

Est-ce que le rachat de trimestres est fiscalement déductible ?

Oui, les sommes versées pour le rachat de trimestres sont intégralement déductibles du revenu imposable, sans limitation de montant. Cette déduction intervient dans la catégorie des cotisations sociales obligatoires. Pour un contribuable dans la tranche marginale d’imposition de 41%, l’économie d’impôt peut représenter 41% du montant versé, réduisant d’autant le coût réel du rachat. Il est possible d’étaler le paiement sur 1 à 3 ans (jusqu’à 5 ans pour plus de 8 trimestres), ce qui permet également d’optimiser l’avantage fiscal sur plusieurs exercices.

Est-ce qu’un rachat est toujours rentable ?

Non, la rentabilité d’un rachat dépend de nombreux facteurs individuels. Elle est généralement avérée pour les personnes à revenus moyens ou élevés, relativement proches de la retraite, et dont la durée d’assurance est insuffisante pour le taux plein. Le seuil de rentabilité (moment où l’investissement est récupéré) se situe habituellement entre 8 et 15 ans de retraite. Pour les personnes à faibles revenus, celles qui atteignent presque l’âge du taux plein automatique, ou celles dont l’espérance de vie est réduite, le rachat peut s’avérer peu pertinent financièrement.

Peut-on racheter des trimestres à la retraite déjà entamée ?

Non, une fois la retraite liquidée, il n’est plus possible de racheter des trimestres. La décision doit être prise avant toute demande de départ. C’est pourquoi il est crucial d’analyser précisément sa situation et de procéder aux éventuels rachats quelques mois avant de déposer sa demande de retraite. Si vous avez déjà liquidé votre pension, d’autres options peuvent être envisagées pour l’améliorer, comme le cumul emploi-retraite, mais le rachat de trimestres n’est plus accessible.

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